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Pour l'auteur de "Prozac Nation", différer la sortie du film est un sédatif.
www.nytimes.com, Publié le 9 novembre 2003
Par THOMAS V INCIGUERRA
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En 1994 l'écrivain Elizabeth Wurtzel, alors âgée de 27 ans, publie "Prozac Nation" un
mémoire concernant la dépression nerveuse. Alors que certains critiques louaient,
le portrait candide et cautérisé d'une jeune existence malheureuse, d'autres attaquaient
férocement ses cotés narcissique, trop travaillé et exaspérant.
Aujourd'hui, le même débat se prépare au sujet de la version filmée de "Prozac Nation" dotée d'un
budget de 9 millions de dollars. Mais, alors que l'autobiographie de Madame Wurtzel est devenu un
best-sellers. et continue d'inspirer une dévotion proche du culte, particulièrement parmi les jeunes
femmes, personne n'a pratiquement vu le film terminé en 2000. Plus de 2 ans après avoir acquis
le droits de "Prozac Nation" et après avoir annoncé puis différé sa sortie plusieurs fois, les films
Miramax ont gardé le projet dans leur cartons. "On a planifié une sortie au printemps 2004" dit
Matthew Hiltzik, un porte parole du studio," mais nous attendons seulement un signe des
producteurs."
Certaines personnes proches de la direction ont cité une autre raison pour le retard. "Comme vous
pouvez l'imaginer maintenant c'est un film horrible" dit Madame Wurtzel ."Il est affreux, S'ils
avaient pensé qu'il était bon ils l'auraient sorti il y a longtemps."
Les studios retirent habituellement les films des salles lorsqu'ils ne sont pas certains de
pouvoir justifier les coûts de la publicité et de la distribution. Mais "Prozac Nation" n'est pas
seulement un autre candidat pour la case "directe vers la vidéo". Derrière les supporters
passionnés de la fable de Mme Wurtzel sur la souffrance et la démence des adolescents
( pour laquelle circule sur Internet une pétition en vue de demander la sortie du film) apparaît
la star du film Christina Ricci, dans une puissante performance qui inclus sa première grande
scène de nu à l'écran.
Ce qui distingue vraiment "Prozac Nation" ,cependant est la manière dont son destin s'est
reflété dans la personnalité problématique de la vraie vie de son héroïne. Si "Prozac Nation"
est, comme Miramax l'a immodestement appelé sur son site Internet, "le film le plus controversé
de l'année", ce statuts reflète également la réputation de Mme Wurtzel comme l'une des écrivains
les plus controversé de sa génération.
"Elizabeth évoque son propre regard", dit Larry Gross, qui partage le générique pour le scénario
avec Frank Deasy. Ce que Miramax redoute, plus que de perdre de l'argent, c'est "quelque chose
qu'ils ne puissent pas contrôler" et Elizabeth n'est pas contrôlable.
Le mémoire décrit le comportement auto-destructif de Mme Wurtzel durant sa première année d'étude
à Harvard : Abus de drogue et d'alcool, intense mélancolie, disposition à l'hystérie,
auto mutilation et proximité sexuelle. Finalement, après une tentative de suicide, les
antidépresseurs du titre (du film) lui permirent d'obtenir un soupçon de vie plus brillante.
Certains lecteurs s'élevèrent contre le ton implacablement auto compatissant de l'auteur et
l'accusèrent de cultiver une personnalité du type de celle de Sylvia Plath (poétesse américaine,
dépressive qui se suicida à 31 ans) pour vendre son histoire. Les hebdomadaires la
surnommèrent la "célèbre dépressive Elizabeth Wurtzel"
Néanmoins, les intenses expériences teintés de maturité de Mme Wurtzel obtiennent une
résonance auprès de beaucoup de jeunes gens, parmi lesquels Galt Niederhoffer, alors étudiant
à Harward et plus tard producteur, qui pris une option sur le livre pour Millennium Films.
Le mémoire était "audacieux, osé, brillant et sauvage, mais finalement totalement nouveau"
dit Mr Niederhoffer.
Dans le film, Mlle Ricci doit faire face à des crises et des confrontations avec sa mère
souffrante de longue date (jouée par Jessica Lange), son petit ami (Jason Biggs) et sa
psychanalyste (Anne Heche).
La production fut achevée dans l'été 2000, et Miramax acquit le film après ses débuts au
festival international du film de Toronto en 2001.
Les critiques du festival furent généralement impressionnées par la performance de Mlle Ricci,
mais beaucoup rejetèrent la totalité du film. Elvis Mitchell du New York Times écrivît que
le film semblait traiter d'une jeune solipsiste aux lèvres qui font la moue, qui souffre
moins d'une dépression que de la recherche d'une carrière.
C'est un film dur, difficile à aimer, au sujet d'un personnage très antipathique et qui crée
des complications, rappel Jon Popick, qui écrit une revue pour City Newspaper, un autre
hebdomadaire de Rochester dans l'état de New York. "C'était une succession de scènes
énervantes" . Il assista à la projection avec une amie , Dayna Papaleo, qui dit qu'elle
et Mr Popick surnommèrent la star "Christina la criarde."
De telles réactions, dit un ancien acquéreur, explique pourquoi "Prozac Nation" est
maintenant en suspens. "Il arrive que des distributeurs soient séduit par un film",
dit-il " Mais lorsqu'ils se retournent vers le marketing et un public test qui visionne le
film, la réponse n'est pas forcément ce qu'ils espéraient".
Un autre facteur dans les retards du film, semble être les commentaires incendiaires de
Mme Wurtzel, fait après la destruction du World trade Crnter cinq mois après l'attaque.
Pendant la promotion de son dernier livre "More, Now, Again: A Memoir of Addiction"
elle dit au "Toronto Globe and Mail" en février 2002 "Je n'ai pas eu la plus petite
réaction émotionnelle." J'ai pensé "ceci est vraiment un étrange projet d'art"
C'était le plus stupéfiant signe de pur élégance" C'est tombé comme de l'eau.
Il a seulement glissé, comme un col roulé qui s'enfonce sur la tête de quelqu'un"
Elle ajouta "j'ai seulement ressenti que tout le monde réagissait excessivement"
les gens n'arrêtaient pas d'en parler Ceci me contrariait vraiment". A la suite d'un
concert de protestation, Miramax annonça qu'il mettait provisoirement au placard le film,
qui aurait du sortir à l'automne 2002. "Nous devons nous éloigner autant qu'il se peut
de la controverse " confia Mlle Ricci au "Calgary Sun" dans le même temps.
"En temps que producteur je sais que c'est la bonne décision, mais en temps
qu'actrice je voudrais que les gens puissent le voir"
Mme Wurtzel dit maintenant que l'article du "Globe and Mail" dénaturait ses propos "
Moi-même et mon appartement ont été détruit le 11 Septembre" a t elle dit dans un message
laissé sur le répondeur du reporter. "J'ai eu la malchance de vivre à 50 mètres du World
Trade Center, et j'étais extrêmement énervée à cause de ces événements au moment de
l'interview".
Elle ajouta qu'un co-producteur, Paul Miller, lui avait annoncé que Miramax avait décidé
d'ajourner "Prozac Nation" avant même l'interview du "Globe and Mail". Mr Miller dit qu'il
n'a pas souvenir de cet échange, mais ne remet pas en cause la mémoire de Mme Wurtzel.
Mr. Hiltzik, le porte parole de Miramax, dit que la décision de reporter la sortie du
film l'année dernière a vraiment été causée par les commentaires de Mme Wurtzel. De même
qu'avec tous nos films qui on un rapport avec les événements du 11 septembre, nous avons
logiquement choisi de pencher du coté de la sensibilité et de laisser passer plus de
temps", dit-il.
Bien que Mme Wurtzel ai arrêté la drogue depuis plusieurs années la personnalité non
conventionnelle qu'elle a crée avec "Prozac Nation" a fini par lui coller à la peau.
Elle a posé seins nus pour la couverture de son second livre, "Bitch: In Praise of Difficult
Women," en levant son doigt du milieu.
Alors que "Prozac Nation" prend la poussière dans les rayons de Miramax, les fans de l'auteur
vocifèrent d'impatience sur Internet. L'un d'eux, Paulo Wandeck of Brazil, fait circuler une
pétition en ligne, afin d'amener Miramax à sortir le film.
Je veux voir le film tant bien que mal, dit Sabrina Ialuna une caissière de banque de 23
ans travaillant à Reading, Mass., qui identifie Mme Wurtzel à une victime consentante de la
dépression. C'est l'un de ceux que je veux voir dans l'année.
Est ce que "Prozac Nation" attirera d'autre personnes que les Wurtzelistes confirmés.
Les producteurs le pense, croyant que leur travail offre d'entrer dans le monde
incompris de la maladie mentale.
"Ca n'est pas du tout une version hollywoodienne de la dépression" dir Mr Miller.
"Le personnage joué par Christina n'est pas tout le temps sympathique C'est une vision
réaliste de la dépression et la dépression n'est pas toujours jolie" Mais il fait remarquer
que le portrait strident de Mlle Ricci concerne finalement la Rédemption. . "Il y a ici une
personne avec un gros cœur qui ne peut s'en sortir toute seule. Finalement vous compatissez
avec elle".
Mlle Ricci qui est apparu dans plusieurs films depuis "Prozac Nation," incluant le film
de Woody Allen "Anything Else," a été approché par des fans qui l'on pressée de donner la
date de sortie, et même suivie jusque dans les toilettes pour avoir des infos.
"C'est énervant dit Mlle Ricci "Je ne peux rien faire de plus, D'une certaine manière on
doit se faire à l'idée qu'il n'y a pas une audience suffisante pour valider votre travail .
Mais d'un autre coté on ne peut se résoudre à cette idée"
Le réalisateur du film, Erik Skjoldbjaerg, admet être frustré. Le film est sorti dans
son pays d'origine, la Norvège, avec des critiques positives et négatives, mais il espère
que les américains n'auront pas à traverser l'atlantique pour le voir. "Je ne pense pas
qu'attendre, lui fasse du tord", dit-il "Je ne pense pas que le sujet du film puisse se
démoder rapidement. Je dois faire confiance à Miramax parce qu'ils se sont bien
débrouillé avec des films similaires".
De son coté Mme Wurtzel a dit qu'elle avait pleuré la première fois qu'elle a vu
le film, mais maintenant elle ressent profondément l'ambivalence du projet. "Le jeu des
acteurs est très fort et les images sont bonnes". dit elle. Elle est malgré tout agacée
du fait que la voix off de Mlle Ricci en tant que narratrice du récit ne soit pas tirée mot à
mot de son livre. "Vous pouvez dire que je suis un épouvantable écrivain" dit
Mme Wurtzel "Mais je suis la meilleure image de moi-même" Elle souhaite aussi que
le film ai "une musique plus cool ".
Cette débâcle a laissé Mme Wurtzel renouer avec ses pensées familières : "Je suis
malheureuse" dit-elle "Si quelqu'un m'avait dit que quelque chose qui représentait
tellement pour moi, comme ce livre, me conduirait à cette situation, j'aurais pleuré
comme je pleure maintenant" "cependant" ajoute elle "s'il sort et que tout le monde pense que c'est stupéfiant,
je dirais que c'était stupéfiant".
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